Qu’est-ce qui est yoguique ?

gateau au chocolat - yoguique ou pas ?

Yoguique… Terme inexistant dans le dictionnaire, inventé pour dire « tout ce qui est dans la lignée du yoga ». Mais de quoi parle-t-on ? 

On a tous une vague idée de ce qui est supposé être yoguique :

  • boire du thé vs picoler une petite bière,
  • allumer des bâtons d’encens vs allumer une clope,
  • poster des photos de coucher de soleil avec une citation inspirante vs envoyer des textos pour critiquer quelqu’un…

Et pourtant, est-ce qu’on a raison de faire cette classification ? J’ai eu une discussion cette semaine avec une de mes profs de yoga, et on parlait… yoga.  Pour elle, le yoga, c’est la « réconciliation« . Je trouve ce mot tellement plus puissant que union, utilisé plus communément pour traduire le mot yoga : « le yoga c’est l’union », c’est ce qu’on entend souvent mais personnellement, ça ne me parle pas vraiment, je trouve ça trop plein, trop parfait… alors que la réconciliation, ça me parle beaucoup plus, il y a l’idée qu’il y a un conflit ou une tension au départ, et un travail pour tenter de le résoudre : accepter de réconcilier ses faiblesses et ses points forts, ses zones d’ombre et sa part de lumière, réconcilier son corps avec son esprit, et son esprit avec son corps…

Quand j’ai commencé le yoga, je me suis dit tout de suite que je ne serais jamais un « vrai yogi ». J’avais beau sourire sur mon tapis et être dynamique dans les postures, respirer aussi profondément que possible, dès que je sortais du studio, je faisais plein de trucs pas « yoguiquement » correct : j’aimais bien gueuler sur mon vélo, me plaindre avec mes amis, être cynique, fumer une petite cigarette de temps en temps – la liste est longue. Est-ce que ça fait de moi un mauvais yogi, ou un yogi bipolaire ?

J’entends souvent dire aux Etats-Unis qu’il faut devenir une meilleure version de soi-même. Mais dans cette façon de présenter les choses, on dirait qu’on gomme ce qui ne va pas, ou du moins qu’on fait comme si ça n’existait pas pour se concentrer uniquement sur le positif… « Embrasse ta part d’ombre et de lumière » c’est ce que ma prof m’a répondu quand je lui parlais de ma bipolarité yoguique, et ça m’a bien aidée à  me réconcilier avec moi-même (ça ne s’est pas fait en un claquement de doigt, mais c’est l’idée).

Une autre prof de yoga m’a dit : « c’est bien les yamas et les niyamas, mais on voit les choses différemment après un divorce ou une blessure grave. » Je n’ai pas envie de pratiquer le yoga pour me coltiner une nouvelle liste de prescriptions morales, ou un classement de ce qui serait yogique ou pas. J’écoute les yamas et les niyamas, les mantras, les kirtans, je cherche à les comprendre, ça m’intéresse, mais je ne vais pas prêcher dans mes cours de yoga ou sur ce blog comment se comporter en bons et fidèles yogis.

J’avais lu un super passage à ce propos, dans un livre de Pema Chodron, sur l’équilibre entre la sagesse que l’on vise, et la réalité de nos vies, souvent plus chaotiques, et comment vivre avec, de façon réconciliée. Mais je n’ai pas réussi à la retrouver dans le livre en question. Amélioration de moi-même en vue : noter les citations dès que je les trouve au lieu de souligner tout frénétiquement quand j’aime un livre. 

Je pratique le yoga depuis 2006. Promis, le yoga, ce n'est pas juste s'asseoir en tailleur et chantonner "om" en respirant de l'encens. Sur le blog de yoga, je parle des mes coups de coeur, mes sources d'inspiration et mes conseils pour dérouler son tapis et profiter des bienfaits du yoga dans la vie de tous les jours.

6 Commentaires

  • janvier 31, 2015

    Layla philip

    Merci Mathilde, je suis tout à fait d’accord avec la teneur de tes propos. Je ne veux pas utiliser « les règles du Yoga » comme un outil supplémentaire de culpabilisation. Bon week end !

  • janvier 31, 2015

    Delphine Girardi

    Merci Mathilde pour ton article. En tant que future prof de yoga je me reconnais dans ta « bipolarité » yogique et ça me rassure beaucoup.
    Le yoga ne doit pas juger et il doit s’adapter aux pratiquants qui d’ailleurs ne pratiqueraient pas s’ils étaient déjà « parfaits » :).

  • février 2, 2015

    Eve-Anne / votreyoga

    très bel article mathilde

    Personnellement, aujourd’hui, j’opte effectivement plus pour la vision qu’on trouve dans le yoga tantrique. Ces tous premiers yogis « se fichaient » de la morale et de savoir ce qui est bien ou mal. Ce qui comptaient pour eux était la conscience et l’énergie. Ils se tournaient vers des qualités comme la compassion etc… mais juste parce qu’ils se rendaient compte que ça leur apportait de meilleures choses et pas parce que c’est bien ou parce que ça fait bien … En attendant, toutes les facettes d’un être humain étaient explorées sans jugement. Et la pratique du yoga est utilisée pour se connaître et s’accepter avec toutes nos facettes, tel qu’on est…

  • février 8, 2015

    Hudry

    MERCI!!! je suis personnellement une Yogi débutante et décalée (par rapport à ceux qui m’entourent dans mon cours)….j’adore ta vision du Yoga ça me fait beaucoup de bien et surtout moins culpabiliser sur mon manque de concentration car il n’est pas toujours aussi simple de lâcher prise avec ce que l’on vit au quotidien..j’y travail, ça viendra.. ou pas, de toute façon je m’en fiche, le yoga pour moi est une manière de m’occuper de moi, rien que de moi et c’est déjà pas si mal.

  • février 9, 2015

    Emilie - My Happy Yoga

    Bien dit! Intéressant et rassurant finalement. Quand tu insultes ces voitures qui font gaffe à rien et manquent de t’écraser alors que tu pédales tranquillement pour aller à ton cours; ou que tu craques pour un ptit verre de vin (voire 2, mon Dieu!) après le cours, tu te dis clairement que la scyzophrénie te guettes… Je m’en veux souvent, de râler après ces voitures. Je me dis « attends mais là, tu vas à un cours de yoga, pas de boxe anglaise! Ton comportement est absurde! »

    Et puis, de plus en plus, en allant aux cours, je m’observe et je constate une nette différence entre l’avant et l’après cours. La circulation est la même, mon comportement sur le vélo aussi, mais mon mental est différent. Du coup, ça passe mieux. Je manque toujours de me faire écraser mais je ne m’énerve plus. J’essaye même de trouver des excuses aux conducteurs! Ils ne m’ont pas vue, sont dans leurs pensées, on eu une mauvaise journée etc. ce qui arrive à TOUT LE MONDE et qui donc, ne vaut pas le coup de râler.

    La réconcialitation. Je vais retenir ce terme 🙂 J’aime bien.

  • février 19, 2015

    Gilles

    Je n’avais jamais entendu le terme yogi bipolaire mais tu expliques très bien ce dualisme entre ce qui semble être yoga et ce qui ne le serait pas. « Union », « réconciliation » ou « apaisement », le yoga est selon moi une introspection, peu importe les codes du moment que ça fait du bien!
    Merci en tout cas pour tes articles qui rendent le yoga plus accessible