La méditation, je m’y mets vraiment ?

méditation
 Méditations métaphysiques, Descartes (1641)

Est-ce que la méditation est dans l’air du temps ? Soit je ne suis entourée que de mystiques en puissance à tendance hipster, soit il y a comme un truc qui flotte dans l’air : il faudrait méditer pour aller mieux. J’aime bien « méditer » ou l’idée de méditer, mais j’ai du mal à bien appréhender ce que c’est vraiment – ce n’est pas faute d’avoir lu sur le sujet, ou de pratiquer la méditation via le yoga. C’est pourquoi quand ma copine Nicole m’a proposé de l’accompagner lors de séances de méditations de type « méditation en pleine conscience », j’ai dit ok tout de suite.

La méditation en pleine conscience, c’est quoi ?

Non, ce n’est pas une nouvelle secte avec des yeux grands ouverts et des psalmodies illuminées. Méditer en pleine conscience, c’est être présent, vraiment présent, prendre conscience de ses pensées, émotions, sensations.
Ça tombe bien, beaucoup de recherches ont eu lieu à Harvard university à Cambridge, là où le centre où je vais est situé. Mais il existe plein d’autres centres partout aux USA et en Europe.

Comment ça marche ?

J’arrive quelques minutes avant l’heure prévue, c’est indiqué en gros sur le site de ne pas mettre de parfum histoire de ne déranger personne, et d’éteindre son téléphone AVANT d’entrer dans la grande maison où se trouve le centre de méditation. La séance de méditation est gratuite, avec une donation suggérée de 5 dollars pour la personne qui dirigera une discussion, après les 45 minutes de méditation.

Yes, 45 minutes de méditation, assis sur un coussin, ou sur une chaise !

Je. Peux. Le. Faire.

La salle de méditation se trouve au dernière étage d’une belle et grande maison en bois, entourée d’arbres : la pièce est mansardée, il y fait bon. Il fait noir dehors, on devine les lumières et les bruits de la ville à travers les fenêtres. Des coussins sont disposés en demi-cercle, face à une estrade où s’assied le leader de la méditation, la même personne qui mènera la discussion par la suite.
Pour la première séance, j’ai choisi de m’asseoir sur une chaise, pas besoin de prétendre que je suis un grand Buddha pour qui s’asseoir en tailleur dans une immobilité parfaite est facile.
Je ne suis pas novice en matière de méditation – même si je pratique le plus souvent un yoga dynamique, je suis des cours de « restorative » très passifs avec des moments d’immobilité qui invitent à l’introspection. Pourtant, la méditation pour la méditation, c’est assez rare. Je ne sais jamais comment je vais réagir quand on me dit « méditation, 10 minutes » et ce soir-là, c’est pire : 45 MINUTES – mon esprit peut se mettre à tourner en boucle, je peux avoir envie de dormir ou de m’énerver contre moi-même et la société tout entière qui me fait « perdre » mon temps avec « ces conneries ».

Le prof donne juste quelques indications avant de commencer, l’idée est de rester présent en utilisant l’une des trois techniques possibles :

  • prendre conscience de sa respiration, ses effets dans le corps ; respirer plus amplement quand l’esprit se disperse, noter les changements de température, etc.
  • « scanner » les parties du corps en contact avec le sol, ça peut aussi être visualiser/ressentir où sont ses pieds, ses ischions (les « os pointus du cul » si je puis me permettre) et ses mains,
  • écouter les bruits autour – cette méthode peut décontenancer certaines personnes car elle ancre moins, on peut être plus facilement distrait. J’aime bien l’utiliser, car de toutes façons, les bruits sont là, on ne vit pas dans une bulle, autant les reconnaître.

Les 45 minutes sont passées très rapidement. C’était silencieux la plupart du temps, avec un peu plus de mouvements vers la fin – j’ai regardé ma montre 20 minutes avant la fin, et je me suis même dit ah zut, plus que 20 minutes, je suis bien là. J’étais déçue d’avoir regardé ma montre, j’aurais voulu « me réveiller » de ma méditation comme une fleur illuminée, mais bon, ça n’a pas eu lieu.

D’extérieur, il ne se passe rien du tout : des gens assis, en tailleur, ou sur leur tibias, les mains reposées ou entrelacées sur les cuisses, les yeux fermés ou entrouverts – je préfère cette deuxième option. Certaines personnes se lèvent pendant la séance, restent debout quelques instants, puis reprennent leur place assise.
A l’intérieur, ça peut être tempête sous un crâne, malgré les outils mis à disposition pour rester présent. Rien de plus facile pour l’esprit que de divaguer et de penser à mille autre choses – des choses passées, futures, des listes, des pensées ressassées… Le travail d’observation se met en place : on observe, et on laisse filer les pensées. Pas simple. Méditer ce n’est pas faire le vide comme on entend souvent, je l’envisage plus comme reconnaître ce trop-plein de pensées, s’en détacher et être là.

Dans un prochain article, je vous raconterai la deuxième partie de la méditation : la discussion qui a suivi les 45 minutes de méditation pleine conscience. Si le sujet vous intéresse, voir aussi l’article sur les 5 questions pour commencer la méditation, ou la lecture de La Méditation, c’est malin. 

Je pratique le yoga depuis 2006. Promis, le yoga, ce n'est pas juste s'asseoir en tailleur et chantonner "om" en respirant de l'encens. Sur le blog de yoga, je parle des mes coups de coeur, mes sources d'inspiration et mes conseils pour dérouler son tapis et profiter des bienfaits du yoga dans la vie de tous les jours.

16 Commentaires

  • […] La méditation, je m’y mets vraiment ? | Mathilde fait du yoga : Explorations depuis mon tapis. Méditations métaphysiques, Descartes (1641) Est-ce que la méditation est dans l’air du temps ? […]

    • décembre 21, 2014

      Eve-Anne

      Bonjour à tous,

      La méditation est pour moi bien plus qu’un complément au yoga. Elle est partie intégrante du yoga.
      Pendant pas mal d’années où j’ai essentiellement pratiqué des postures, je me disais que méditer ne servait sûrement pas à grand-chose. La vérité est que j’étais incapable de m’asseoir plus de 5 minutes tant j’étais agitée, pressée d’y arriver, et inquiète du regard des autres.
      Et puis je me suis intéressée à une autre forme de yoga, le natha yoga, que j’enseigne aujourd’hui. Celui-ci laisse beaucoup plus de place au souffle, à la concentration, aux mudras, mantras, yantras,… C’est là également que j’ai compris que la concentration n’était pas juste se forcer à s’immobiliser sur un point (ce qui était insupportable pour moi) mais être aussi l’observateur de toute notre agitation et être à l’affût des moments « où ça lâche », où il y a une « fracture ». Cette observation est porteuse de calme, d’un sentiment de relâchement voire même de joie, comme si on prenait conscience qu’ici et maintenant, il n’y avait plus de raison d’avoir peur. Personnellement, la concentration et la méditation sont plus « accessibles », plus « spontanées » quand le souffle a été travaillé juste avant. Le pranayama est une étape indispensable qui m’apporte un sentiment d’ouverture et de liberté, qui aide à « lâcher » l’agitation.

      Je vous souhaite à tous de belles découvertes dans votre pratique du yoga

      • décembre 23, 2014

        Mathilde

        Et oui, la médiation est une partie intégrante du yoga !
        Merci pour ton long témoignage !
        -Mathilde

  • décembre 16, 2014

    Claudia de YogaPassion

    Salut Mathilde,

    Très intéressant ton article ! Je suis comme toi, j’ai l’impression que les gens n’ont que ce mot à la bouche : « méditation » en ce moment, et c’est tant mieux 🙂 On voit que le bien-être et la spiritualité gagnent du terrain ! Ton article tombe à pic car j’ai justement organisé une initiation à la méditation avec mes élèves aujourd’hui. Je commence beaucoup plus modeste, par petites sessions de 1 à 3 minutes, et je propose plusieurs étapes : méditation avec concentration sur la flamme de bougie, puis méditation avec guidage de ma voix, ensuite méditation avec fond de musique douce, et pour terminer : méditation dans le grand silence ! C’est chouette de voir que mes élèves se sont senties l’esprit plus reposé ensuite. A bientôt sur ton blog ou le mien 🙂 Claudia

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Hello Claudia,
      J’ai pratiqué cette forme de méditation avec la flamme de la bougie mais… je trouve que c’est plus de la « concentration » que de la méditation. Ce que j’aime avec la méditation toute simple, sans accessoire, c’est le côté sans artifice pour retenir l’attention – à part le souffle, et cultiver par ses propres moyens la présence.
      Anyway, si ça aide les élèves et que ça te plait : why not !
      Des bises et merci pour ton message !

  • décembre 17, 2014

    Mimi

    Bonjour Mathilde,
    Tout d’abord, merci pour tes articles que j’attends toujours avec impatience!
    La méditation est un thème qui m’intéresse particulièrement car je pratique la sophrologie depuis bientôt 3 ans. La sophro peut s’apparenter (de plus ou moins loin) à la méditation de pleine conscience, dans le sens où les objectifs sont les mêmes: être présent, être à l’écoute de soi, être dans la « justesse » de ses émotions, de son corps…
    Nous commençons les séances en prenant conscience du monde qui nous entoure: redécouvrir la salle, sentir la température de l’air, les odeurs, le frottement des vêtements sur la peau. Assis ou debout, nous réalisons une lecture du corps pour débusquer les tensions inutiles, puis vient la phase que je préfère: le sophro déplacement du négatif! Ou chasser les tensions, l’énergie négative (la fameuse boule au ventre ou les noeuds dans le cerveau), ou tout simplement les mauvaises ondes.
    En sophrologie, on se centre sur soi, mais on bouge! Nous inspirons, nous retenons l’air, nous créons une tension douce d’une partie du corps (celle qui accumule le plus de stress: crâne, épaule, plexus solaire, ventre ou jambes) ou le corps entier, puis nous expirons d’un coup sec, ou bien on frappe un punching-ball imaginaire, on fait du karaté… Détente assurée! Nous réalisons ainsi une série d’exercices avant de s’assoir pour accueillir les sensations.
    Vient ensuite, une phase de « méditation de pleine conscience ». Comme ce que Claudia propose à ses élèves, notre prof nous propose de nous concentrer sur un objet ou de visualiser un endroit que nous apprécions particulièrement. C’est toujours un grand voyage!
    Bref, tout çà pour dire, que la sophrologie me semble un bon moyen de venir vers la méditation. Déjà débarrasser de ses tensions corporelles, il est plus facile de se laisser aller à la détente de l’esprit.

    Encore merci pour ton/vos partages d’expériences, et bonnes fêtes à toutes!

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Merci Mimi pour ton adorable message !
      Je n’ai jamais pratiqué la sophrologie… ça a l’air de bien te plaire en tout cas, et comme tu dis, une porte pour la méditation, où il n’y a aucun autre artifice que soi même avec soi même. Gloups !
      Bises !

  • décembre 17, 2014

    Kinnary

    Merci Mathilde pour cet article qui tombe à pic ! Je me suis posée beaucoup de question sur la méditation ces derniers temps. J’en ressens un profond besoin et une grande curiosité… Je vais commencer par le livre que tu conseilles (de même que ton livre sur le yoga m’avait aidé à mes débuts). A bientôt, Kinnary.

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Le livre sur la méditation est vraiment simple d’accès et surtout très concret ! C’est le parcours d’une femme active avec la méditation : pas de charabia, j’aime ça !
      Bises,

  • décembre 17, 2014

    Elodie

    Bonjour Mathilde et merci pour cet article!
    Je me suis mise à la pratique de la méditation après avoir visité ton blog, écouté le podcast de France Inter avec Fabrice Midal et Marie-Laurence Cattoire, et acheté sur tes conseils le livre La Méditation c’est malin.
    Un univers doux et réconfortant s’est ouvert à moi.
    Je suis ravie d’avoir découvert la méditation comme cela, en complément du yoga que je pratique chaque semaine.
    Merci pour ton partage d’expérience 🙂
    A très vite de lire ton prochain billet!
    Elodie

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Wahoo ! alors ça, c’est top !
      A ++
      -Mathilde

  • décembre 17, 2014

    Pauline - Bright Pause

    Hello Mathilde,
    Merci pour ce chouette article qui dit tout haut ce que bon nombre d’entre nous pensent tout bas. Je suis des cours de yoga individuels, mais je n’avais jamais fait l’expérience de la méditation uniquement. Je me suis inscrite la semaine dernière à un stage de 2 soirs de méditation avec Jacques Vigne (un ancien psychiatre qui vit en Inde, spécialiste du domaine, tu connais peut-être). J’appréhendais vraiment le côté « bienvenue aux anxieux anonymes », et…pas du tout! Au final, j’ai aimé découvrir mon corps avec un Å“il nouveau, et surtout cette sensation d’apaisement profond. Bon, je ne suis pas restée calme et concentrée toute la séance mais je crois que ça ne me ferait pas de mal de réitérer l’expérience!
    À bientôt 😉
    Pauline

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Non ! je ne connais pas Jacques Vigne, merci pour la référence.
      J’aime bien ton « anxieux anonymes » 😉 on est tous un peu comme ça, non ?
      Good luck pour les prochaines expériences !

  • décembre 19, 2014

    Charlotte

    Très intéressant !
    Déjà tu donnes drôlement envie d’être à ce cours avec toi, le cadre a l’air superbe, en quelques lignes j’étais transportée 🙂

    Je pense que ma résolution 2015, si je devais en avoir une, ce serait de vraiment me lancer dans la méditation ! (dis comme ça on dirait que j’en parle comme si c’était de la poterie ou de la peinture sur soie :p) J’ai deux petits livres sur le sujet, et une appli iPhone, mais c’est fou, je n’arrive juste pas à prendre le temps qu’il faut pour ça. J’ai un côté hyperactive, chez moi j’ai besoin du bruit de la télé ou autre. Pendant lgtps le silence a été angoissant pour moi, je commence à le réapprivoiser.
    Avant-hier justement, j’ai enfin lancé l’appli Insight Timer pour la 1e fois (je l’ai téléchargée y’a facile deux mois …), j’ai choisi une méditation guidée de 5mn et je pensais que rien que 5mn, j’aurai du mal. Mais en fait pas du tout, ça s’est arrêté hyper vite ! Et du coup ça me donne la motivation nécessaire pour m’y tenir plus régulièrement. Les bénéfices ont l’air tellement nombreux. J’avais lu un petit « guide » sur le sujet qui comparait l’esprit humain à un verre d’eau boueuse : l’eau est marron pcq les particules de boue sont constamment remuées, agitées. Mais quand on n’agite plus le verre, les particules finissent par se déposer au fond et au-dessus, on a une eau pure et claire. La méditation aurait le même effet sur l’esprit, les pensées se déposent calmement, et on a enfin l’esprit clair. J’aime beaucoup l’image.

    Hâte de lire la 2e partie de ton article 🙂

    • décembre 23, 2014

      Mathilde

      Hello Charlotte,
      Mais oui, viens pratiquer avec moi dans cette salle !!!
      C’est dur de faire de la place pour cette pratique, je pense vraiment que la force du groupe est un moteur pour s’y mettre, y revenir, etc.
      A bientôt !

  • janvier 13, 2015

    Marjorie

    Hello Mathilde !
    D’abord bravo pour ton blog, c’est une super source d’info pour les Yoginis en exploration comme moi (aren’t we all ;).
    Je pratique le yoga tous les jours depuis quelques mois et je ne m’étais jamais vraiment attardée sur la méditation.
    Il y a quelques temps, j’ai du ralentir ma pratique « physique ». Je ne pouvais pas envisager de laisser totalement tomber mes habitudes de yoga. Je me suis donc inscrite à un challenge de méditation (j’adore ça, moi les challenges sur internet, via des applis, les cours en ligne…etc) via l’application headspace. Tous les jours j’ai donc fait de la place pour 10 min, puis 15, puis 20 min de méditation.
    J’ai adoré ce que j’ai trouvé dans cette pratique quotidienne 🙂 ça a renforcé mon calme, ma concentration, exercé ma pleine conscience. Vraiment d’ajouter ne serait-ce que 5 ou 10 min de méditation à la pratique quotidienne du yoga pour moi c’est la cerise sur le gâteau 😀
    Bref merci encore pour ce blog (et dis donc c’est la première fois que je commente un blog). Pardon pour le côté « écriture automatique » je suis dans le bus et je ne peux pas me relire.
    BREF ! Merci encore et bonne journée !
    Marjorie