Comment le camping est en fait une vraie expérience yogique

Je reviens tout juste de deux semaines de vacances, les valises sont déjà rangées, les fringues lavées, il reste juste un gros tas de chaussures qui puent près de l’entrée. J’ai passé deux semaines dans l’ouest américain, à rouler en voiture, m’arrêter dans les parcs nationaux américains pour randonner, et le soir venu, camper. Le camping dans les grands espaces américains, c’est une expérience géniale, pas toujours facile, mais ce que j’en retiens est l’envie d’y retourner. C’est drôle car mon « moi » d’il y a quelques années n’aurait jamais pu écrire ou vivre un truc pareil : avant je trouvais le camping rebutant, une façon inconfortable de s’entasser les uns les autres dans un espace réduit et sans aucun confort. Pourquoi se faire du mal pendant les vacances ? pensais-je alors. Et puis j’ai découvert  que le camping pouvait être autre chose, et maintenant, je ne pourrais plus m’en passer – au moins une fois de temps en temps.

Good morning !

Un soir, pendant ce voyage, on est arrivé très tard dans un camping qu’on avait repéré sur une carte, près d’un canyon. Très tard en mode camping veut juste dire quand il fait noir – soit tout ce qui se passe après 20 heures. On est arrivé après avoir roulé 30 minutes sur une route sans bitume, juste plein de petits cailloux, ce coin du Colorado était super paumé. On a croisé un ranger qui parait se coucher : il nous a dit de nous installer où on voulait, on s’est avancé dans le camping, il n’y avait que quelques personnes, pas moyen de distinguer grand chose. On a choisi notre emplacement, il n’y en avait que 13, et on choisit le numéro 13, au hasard. On était crevé, on avait faim et envie de dormir, mais il fallait monter la tente. Le secret du camping est d’allumer le feu, et après, tout semble plus vivant et faisable.

On s’est réveillé le lendemain à 7 heures du matin, tout naturellement, avec la lumière du jour. Est-ce qu’on a bien dormi ? Je dirais plutôt qu’on n’a pas mal dormi. En se levant, on réalise que le camping où on est installé est en fait en bordure d’un canyon magnifique, qu’on ne pouvait pas voir la veille. Je suis comme exaltée – ça doit être l’effet de l’altitude sur moi, j’ai envie de courir partout. On s’habille vite fait, on se tartine un bout de pain au Nutella, on prend les gourdes et notre mélange cacahuètes+M&M’s (le petit secret pour des randos réussies).

A 8 heures du matin, après 45 minutes de marche, tout seuls au milieu de nulle part, on a la plus belle vue sur le canyon. Pas d’hôtel chic, pas de salles de bain, pas de lit confortable, pas de bon petit déjeuner, pas de douche, pas d’endroit où se changer simplement, pas de valise parfaitement bien rangée… mais pourquoi pas voir les choses dans l’autre sens ? Il ne me manque rien en fait, j’ai déjà tout : l’envie de me lever et de marcher, mon mec qui aime tout ça aussi, et voilà.

Je ne pratique pas le yoga postural pendant les vacances, mais camper est mon interprétation de santosa, l’un des 5 niyamas du yoga, autrement dit le contentement, qui pose la question qu’est-ce que j’ai déjà pour moi. Le camping a beau être rustique, la randonnée a beau faire transpirer et être dure parfois, il offre la possibilité de moments uniques, dans la nature, comme de voir le soleil qui monte dans le ciel au-dessus d’un canyon. Quand on campe, tout est tellement minimal, qu’on a juste à penser à s’habiller selon les conditions (chaud/froid/moustique), se demander ce qu’on va manger et aller se coucher après avoir observé de feu. L’esprit n’est encombré par pas grand chose… On parle aux voisins, il n’y a jamais de réseau pour passer du temps au téléphone, bref, on revient aux choses de base, et ça fait du bien.

Maintenant que je suis rentr̩e dans mon appartement Рpourtant minus, je le trouve super grand luxe.

 

Pour en savoir plus sur ces principes éthiques du yoga, lire ici, et j’en parle aussi dans mon livre, le Yoga Malin.