Hier soir, je suis allée à un cours de l’un de mes profs fétiches à Boston, Aaron Cantor. Les cours d’Aaron à première vue ne ressemblent pas vraiment à du yoga. D’ailleurs lui même prévient à chaque début de cours que ça consistera plus à bouger, à faire des « mouvements » que des classiques salutations au soleil et des postures officielles du yoga. Son cours est assez « free style », avec tout de même deux impératifs sur lesquels il insiste  : respirer en permanence et avoir un visage décontracté, autrement dit sans grimacer – « Don’t make faces ! ». Ca peut sembler trivial et super facile : visage relaxé et respiration continue, c’est la base du yoga, non ?
Je relaxe donc mon visage, prend une grande inspiration. Dix minutes plus tard, Aaron se promène dans la salle et répète : « No funny faces ». Ca tombe bien, j’étais justement en train de froncer les sourcils. Quelques minutes plus tard, en posture d’équilibre, je retiens ma respiration quelques secondes… Bref, mon visage est relaxé et je respire… tant que le prof est là pour me le rappeler.
Notes pour moi-même :
- Ne pas grimacer : j’ai tendance à plisser le front ou le sourcil, persuadée que je suis mieux concentrée, ou alors je me mouille les lèvres en prévision d’une posture compliquée. Certains dans la salle tirent la langue, se mordillent les lèvres ou serrent les mâchoires. On croit peut-être que c’est l’effort supplémentaire qui va tout changer. Mais en fait, non, ces mouvements sont juste inutiles, même s’ils sont quasi-incontrôlés.
- Respirer en continu et fluidement : dans les postures compliquées ou quand l’équilibre est en jeu (tenir sur une jambe par exemple), on a tendance involontairement à retenir sa respiration, là encore en se disant que si on bouge d’un iota l’équilibre précaire sera complètement fichu. Par ailleurs, une autre chose sur laquelle le prof insiste est de ne pas associer tel mouvement à une inspiration ou une expiration (ce qui est contraire à ce qu’on apprend dans la plupart des autres cours de yoga), ici le but est de respirer avec fluidité et constamment, sans suspendre la respiration – à quelques exceptions près (dans des sauts par exemple). L’idée de ce type de respiration continue en mouvement, c’est d’allonger, d’étirer, lentement et en conscience. Plus dur qu’il n’y paraît…
Exercices pratiques hors du tapis
Ces deux exercices n’ont pas à rester cantonner au tapis de yoga : dans la vie quotidienne, en observant par exemple comment je suis dans des situations banales – marcher, écrire sur mon ordinateur, etc., je constate que mes traits du visage sont rarement apaisés, il y a toujours un petit quelque chose en tension. Certains serrent les dents quand ils sont stressés ou en colère, d’autres retiennent leur respiration quand ils ont peur.
Comme dirait le prof de yoga : il faut être conscient de son corps dans ce genre de détails qui en disent long. Relâcher le visage et fluidifier la respiration permet ainsi de réguler les émotions associées à telle ou telle situation. Il s’agit en quelque sorte de lutter contre une réponse instinctive du visage – ou du corps en général – à se fermer, à se protéger dans des situations difficiles. Bon, ça ne va pas changer en un clin d’oeil, mais ça vaut le coup d’essayer d’y prêter attention. C’est aussi ça le yoga, un outil à emporter dans la vie de tous les jours !
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