Lors du festival de yoga à Wanderlust, j’ai suivi une conférence / cours de philo sur les huit membres du yoga – je vous en parlerai dans un prochain article, l’idée est grosso modo que le yoga ne se limite pas à la pratique physique, ou asanas, mais se compose de 7 autres aspects ou « membres ». Bref, pendant ce cours, le prof insistait sur le fait que tout ce qu’on nous dit dans un cours de yoga doit avoir un sens pour nous, et ne doit pas être pris au pied de la lettre – comme une vérité générale ou un commandement extérieur. Ca peut paraître juste du bon sens, mais il nous a ensuite parlé d’un documentaire, Kumare, qui met en avant l’envie des gens de suivre un guru (en l’occurence dans ce cas un prof de yoga) qui apporterait une vérité, un sens, etc. Intriguée, en rentrant chez moi j’ai regardé ce documentaire.
Qu’est-ce qu’un guru ?
Le mot fait peur, puisqu’il est associé aux sectes. C’est dommage car le mot à l’origine avait un sens plus noble, en sanskrit il signifie maître ou professeur. Quand j’ai commencé le yoga, c’était l’une de mes craintes : est-ce que le yoga c’est un truc de secte ? est-ce que la prof est un guru ? Mais en fait ces craintes se vite avérer infondées dans le studio où j’allais.
Qui est Kumaré ?
Le documentaire Kumaré raconte l’histoire d’un Américain d’origine Indienne, Vikram Gandhi. Le jeune homme a toujours été intrigué par la religion, l’expérience mystique, ce que ça pouvait apporter, etc. Malgré ses études de théologie, il n’a pas vraiment trouvé de réponse et a décidé de partir dans le pays d’origine de ses parents : l’Inde. Une fois là -bas, il est surpris de constater à quel point  les gens en général sont prêts à entendre et croire n’importe quoi et surtout n’importe qui qui aurait l’apparence d’un guru tel qu’on se l’imagine – vêtements, attitude – et qui véhiculerait la sagesse.
Vikram rentre aux Etats-Unis et décide de se transformer en guru : il laisse pousser sa barbe et ses cheveux, s’habille comme un vieil Indien, prend un faux accent, invente une philosophie et une nouvelle sorte de yoga. Il se met à répandre ses enseignements plus ou moins farfelus, et ça commence à marcher. Il se retrouve avec un petit groupe d’adeptes qui apprécient son discours et sa personne – certes fondés sur une vaste supercherie.
Méfiez-vous des gurus !
Le documentaire en soi n’est pas excellentissime, c’est longuet et le sens véhiculé par le film est assez unilatéral : Vikram essaie de montrer à tout prix que les gens sont crédules et prêts à avaler n’importe quoi tant que ça donne du sens à leur existence. Il rend visite à des membres d’une secte au Nouveau-Mexique qui croient aux extra-terrestres, c’est cocasse et affligeant à la fois.
En voyant ce reportage, je me suis juste dit que les gens avaient l’air seuls et malheureux, qu’ils n’avaient pas grand monde avec qui discuter, et qu’ils étaient en effet prêts à se tourner un peu vers n’importe quoi pourvu que ça leur procure du réconfort. Et ce n’est pas faute d’avoir essayer d’autres choses avant : religion, drogues, etc. Ceci étant dit, le film se limite à un tout petit groupe de personnes, ce n’est pas forcément représentatif.
Trouve ton propre guru, alias toi-même
Dans le film, Vikram/Kumare se rend compte qu’il est allé trop loin, il s’est finalement vraiment intéressé aux gens qu’il a rencontrés et leur dire la vérité sur qui il est s’avère très compliqué pour lui. Avant de passer aux aveux, il essaie à tout prix de faire comprendre à ses nouveaux disciples qu’ils n’ont pas besoin de lui, que le seul guru qu’ils puissent avoir n’est autre qu’eux-mêmes.
C’est ce qu’on apprend un peu à chaque cours de yoga : s’écouter – son corps, ses limites, ses peurs, ses envies – malgré ce qu’un prof peut dire ou conseiller, chacun reste maître de lui-même. Ce film est une piqure de rappel de ce que peut apporter le yoga à ce niveau-là .
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